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ET VOUS CROYEZ QUE C'EST FACILE ???


L’un des objectifs de la mission de Mai 2010 était la mise à jour du logiciel PharMeg installé depuis un an dans les Dépôts Pharmaceutiques Répartiteurs de Zone (DZ) pour la gestion des flux. En principe, c’est simple : on arrive, on dit bonjour à tout le monde, on copie les données, on s’installe dans un coin, on fait les modifs. Comme on est des gens bien élevés et que tous les gestionnaires sont des amis, on va déjeuner ensemble au maquis du coin. Puis on se remet tous devant l’ordinateur, on installe la mise à jour, on fait la démo, on écoute attentivement les questions, on y répond le plus clairement possible, puis on dit au revoir à tout le monde et on s’en va....

Oubliez tout ça... 
Exemple :
Lundi 10 Mai, Tchaourou.
Arrivée aux environs de 8 heures. Salutations au nouveau Coordonnateur. Je me rends au « bureau-magasin-salle d’hospitalisation » de la gestionnaire du DZ. Bises à Ralyatou, la dite gestionnaire. Les médicaments étant toujours accumulés sur les lits qui servent de rayonnage - vu que le Dépôt prévu est depuis deux ans en voie d’achèvement -, le bureau est inaccessible et de toute façon, il est tellement encombré que je ne pourrais même pas y mettre ma souris.
J’arrive tout de même à planter acrobatiquement ma clef USB dans son PC et à copier ses tables.
Comme il n’y a pas de place à l’intérieur et que de toute façon je n’y verrais rien parce que le tube de néon est « gaté », je m’installe dehors pour faire les modifs sur mon ordinateur en utilisant la batterie, vu qu’il n’y a pas de prise et que je n’ai pas de rallonge. Erreur de débutant : toujours profiter des moments électrifiés. Avant de commencer, je fais un scan de ma clef (10 virus quand même). Vers 9h, coupure de courant, mais je ne m’en aperçois pas. Evidemment. Sauf que vers 11h, plus de batterie. Bon, ça va peut être revenir. J'en profite pour nettoyer la souris de la gestionnaire (pas fait depuis un siécle).13 heures, rien. On va déjeuner au maquis de la Mairie (c’est la femme du maire, la patronne). Surprise, le ventilateur électrique ventile. Re-surprise, il n’y a pas eu de coupure de la journée, nous dit la dame. Retour au DZ et pas de courant. Je me dis, que là, franchement, ça devient très ennuyeux et qu’à ce rythme là, je n’aurais pas fini le soir. Puisqu’il y a du courant au maquis, et avec l’accord de la patronne, j’y installe mon ordinateur.
Une heure après, j’ai fini. Bon. Maintenant, il faut installer sur l’ordinateur de Ralyatou. Je retourne au DZ. Toujours pas de courant. Bizarre : ça marche partout à Tchaourou sauf au DZ. Notre chauffeur Marius, très attentif et curieux comme toujours, a posé les bonnes questions aux personnels : ce qui ne marche pas, c’est l’installation électrique du Bureau de Zone. Visite au compteur : abracadabrantesque ! Des fils qui sortent de partout qui ne vont nulle part, des branchements débranchés, des compteurs qui doivent compter depuis plus de vingt ans. Le maintenancier, prévenu depuis le matin, n’arrive qu’à 16 heures 30.
Du courant, enfin ! ! !
Après avoir déplacé quelques caisses de médicaments, trouvé une chaise, déplacé deux tonnes de papiers inutiles du bureau, on se remet au travail sur l’ordinateur de Ralyatou. Je fais aussi le ménage sur le bureau de l’ordinateur : j’enlève de l’écran de veille les filles en bikini (pas mal, mais qui apparaissent, sans qu’on leur demande rien, toutes les deux minutes) et je mets la date du jour à jour (à faire à chaque mise en route, à cause d’un virus). Démonstration, questions, réponses. Ralyatou est très avide de connaissances. Quel dommage qu’elle soit dans un environnement pareil.
18 heures : il faut partir avant la tombée de la nuit. Bises à Raly. Salutations au Coordinateur. Remplissage du cahier de supervision : je suggère que l’on fournisse à la gestionnaire un ordinateur convenable. Mais que dire sur les coupures de courant, les désastreuses conditions de travail de cette malheureuse Raly qui seule et sans aide d’un magasinier, ne prend jamais de congé, fait consciencieusement son travail d’agent de santé publique.
Les gestionnaires des DZ, ou dotés d’ordinateurs d’un autre âge contaminés par tous les virus de la terre, ou travaillant dans des conditions difficiles, ou mal soutenus, ou tous cela à la fois et sans statut défini, sont les héros ignorés de la Santé Publique du Bénin.


* Alain Buge *

Commentaires

  1. clap clap clap clap!!! quel narrateur tu fais!! encore, encore!!


    marie-lise

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