INSTALLATION MANQUÉE

Ma mission était d’installer le nouveau magasin du Dépôt Pharmaceutique Répartiteur de Zone (DZ) de Malanville. Je suis partie gonflée à bloc et avec tous les ingrédients nécessaires pour aménager les rayonnages : étiquettes préparées avec les noms des produits (merci Philippe), stylo, feutres, scotch, repères alphabétiques et même des punaises. Vous allez voir ce que vous allez voir : le plus beau magasin du dépôt de Zone le plus performant du Bénin.

En fait, c’est déjà un peu manqué : le magasin n’a pas été fait suivant le plan proposé par nous (rayonnages en épis) mais selon le plan officiel imposé (rayonnages selon le périmètre du bâtiment et avec une grande table au milieu ( ?)). Pas très fonctionnel, mais il faut faire avec. On ne lutte pas contre l’Administration béninoise.

Mardi 11 Mai : le bâtiment est élégant, presque pimpant avec de belles couleurs ocre. Mais la voie d’accès à la rampe n’est pas aménagée, les abords encombrés de détritus de chantier. Impossible d’y entrer, car pas d’ouvriers, et la clef, c’est l’entrepreneur qui la détient.

Le Coordonnateur est à Cotonou. Izybatou, la gestionnaire, et Moumuni, le magasinier, m’apprennent que les étagères ne sont pas totalement installées.

Je reste optimiste et décide conformément au souhait du Coordonnateur de préparer une commande de 3 mois. Avec Izy, je fais l’évaluation sur PharMeg et transmet la demande à la CAME (la Centrale d’Achat) par téléphone : le montant final serait de 12.000.000 FCFA et je demande un étalement sur 3 mois. La CAME refuse mais je ne me fais pas trop de souci : ça devrait s’arranger avec l’intervention du Coordonnateur à son retour.

Je téléphone à Jules, le contremaître, et j’insiste pour que les travaux soient terminés Jeudi.

Mercredi 12 Mai : grande surprise ! Il y a deux électriciens dans le magasin, mais pas de menuisiers. Je fais des photos. Je continue à être optimiste pour Jeudi et je décide de faire un inventaire physique du Magasin actuel avec la gestionnaire et le magasinier. Pas mal d’erreurs. On refait des fiches de stock neuves. Saisie informatique avec la gestionnaire. On récupère des cartons à l’hôpital pour faire le transfert, au besoin pendant le weekend et Izy se porte volontaire.

Jeudi 13 Mai : pas de menuisier. Mais je réalise que c’est l’Ascension ! Aucune chance de voir quelqu’un et de terminer aujourd’hui. Je rencontre le Dr Namboni, le coordonnateur revenu de voyage. Il m’apprend que le Vendredi AUSSI sera jour de congé, sur décision présidentielle. Fin de mes espoirs. On aborde quand même les points techniques en suspens : climatisation de la chambre froide, récupération du climatiseur du magasin actuel, achat du réfrigérateur, et bureautiques : dossier neuf, classeurs pour la gestionnaire. Toutes mes suggestions sont retenues. Consolation.

Mais alors, quand le magasin sera t-il prêt ? Il faudra d’abord que les travaux soient terminés. Puis, que l’entrepreneur, qui n’a été payé qu’à 60% mais est pressé de toucher le reste, envoie son rapport aux ministères concernés : Santé, Finance, Secrétariat du Président, puis que les représentants des dits ministères se déplacent à Malanville et procèdent avec l’entrepreneur à la réception, puis avec les édiles locaux à l’inauguration. Peut-on tout de même installer les médicaments et finaliser les rayonnages après la fin des travaux et avant la réception? Non, car en cas de vice de construction, il faudrait tout enlever. Et les risques ne sont pas nuls : les DZ de Kandi et de Parakou sont en stand-by pour dalles de plafond non étanches. Et la réception-inauguration, ce sera quand ? Quand ces messieurs le décideront.

J’ai le moral dans les chaussettes (enfin dans les sandales, car il fait 40°C et les chaussettes…)

Vendredi 14 Mai : Izy ne me laisse pas tomber, même si c’est congé. Faute d’aménager le DZ, nous décidons d’aménager son bureau : rangement, nettoyage, tri de tous les dossiers. On jette deux tonnes de papier. Monsieur Ali, le Chargé de l’Administration et des Ressources (CAR) me donne 70 chemises carton, 2 classeurs super élaborés, des étiquettes. En 3 heures et sans électricité – donc sans clim-, le bureau est parfaitement rangé, les documents parfaitement classés. Le coordonnateur et le CAR passent nous voir : admiration et remerciements. C’est bon pour le moral et surtout pour le fonctionnement du DZ.

L’après midi relax à l’hôtel; je fais même venir la coiffeuse (pas pour jouer à la star : il n’y a pas de courant à Malanville, mais un groupe à l’hôtel. Note pour les hommes : il faut un séchoir pour les cheveux des filles).

Week-end à l’hôtel Sota. Pamphile, son directeur est aux petits soins pour moi. Samedi, le reste de l’équipe Alain, mon Président de mari, Géraldine, Sabrina et Marius Eric leur chauffeur me rejoignent.

Dimanche matin à la fraiche (38°C) promenade sur le Niger en pirogue pour tout le monde avec dégustation de sodabi, une liqueur douce (au moins 50°) à base de plantes (?), au départ et à l’arrivée. Une boisson d’hommes !

L’après midi, débriefing dans la piscine (32°C).

Je dis à mon mari "il va falloir revenir pour terminer le travail"

"Dés que possible", il me répond.

Michèle Buge.